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" Lettre encyclique " adresssée à chaque frère du Paraclet
Paris, le 23 / 5 / 50

Mon frère,

Le Maître de notre Fraternité me charge de vous informer qu’il a été atteint d’une très grave hémorragie cérébrale en Septembre dernier. Après un premier mois assez critique, il a pu se rétablir progressivement au point que son état général est maintenant relativement satisfaisant.

Toutefois, cela a tellement précipité una cataracte commençante que sa vue, déjà basse auparavant, comme vous le savez, est désormais extrêmement réduite. Comme l’hémorragie est trop récente encore pour que l’opération de la cataracte puisse être envisagée avant la fin de la présente année, le Maître désire que vous et les Chevaliers de votre Prévôté soyez mis au courant de ces faits qui ont motivé son long silence. Il y a tout lieu d’espérer que, vers le début de l’an prochain, il se retrouvera apte à assumer pleinement, grâce à Dieu, les délicates fonctions inhérentes à sa charge.

D’ici là, le Maître, vous espérant en bonne santé -- à tous points de vue -- ainsi que les Frères de votre Prévôté, vous charge de rappeler à ces derniers que discussions, controverses et disputes ne sont pas modes d’activité convenables à une Fraternité telle que la nôtre.

En tant que membres de notre Chevalerie, nous sommes tous voués à la méditation et à la contemplation, en un mot à la Connaissance, et à rien d’autres ; les " oeuvres de miséricorde spirituelle " consistent à transmettre cette Connaissance à quiconque est qualifié pour la recevoir.

Entre autres choses, il résulte immédiatement de ce qui précède, qu’il ne nous appartient pas de " prendre parti ", ouvertement ou non, dans le conflit qui oppose sur certains points Messieurs Guénon et Schuon depuis quelques temps. L’Humble Maître considère même qu’il est opportun et nécessaire de rappeler nettement, à tous, les termes de nos Statuts selon lesquels lui -- et lui seul -- est qualifié pour engager notre Fraternité, sous l’inspiration du Très Saint Paraclet, à quelque point de vue et en quelque domaine que ce soit, après consultation de son Conseil, si utile.

Il est nécesaire et urgent de faire savoir -- ou plutôt de remettre en mémoire -- à vos Chevaliers que celui ou ceux d’entre eux qui, délibérément, violeraient les prescriptions édictées par nos Statuts -- entre autres celle du secret -- s’exposeraient individuellement ou collectivement à la sanction majeure prévue par ceux-ci. Que ceux-là veuillent bien considérer cet avis comme un dernier et très charitable avertissement de l’Humble Maître, et qu’ils soient bien assurés que toute " habileté " est dérisoirement vaine dans le domaine dont ils ont recherché l’accès.

Vous ne sauriez trop insister auprès de vos Chevaliers sur cette vérité trop souvent perdue de vue : " Ce " vers quoi ils s’efforcent ne saurait être obtenu par le moyen de techniques étrangères, souvent imaginées comme des " recettes " quasi-magiques, empruntées ici ou là, et greffées irrégulièrement et dangereusement par des individualités non-qualifiées en ce domaine, mais seulement par une tension permanente, patiente, aussi totale que possible, de toutes les puissances de leur être vers le Centre, tension telle que toutes autres activités lui soient subordonnées et, si besoin est, le jour venu, sacrifiées sans hésitation.

Comme exemple, parmi bien d’autres, d’exercises applicatifs qui se sont révélés fructueux pour tels de leurs Frères, vous pouvez attirer leur attention sur la méditation régulière, fréquente, des Statuts et autres documents et symboles paraclétiques. Se figure-t-on que tout y est exprimé " en clair ", et que, une fois lus passivement, il n’y a plus lieu d’y revenir, si ce n’est comme à un aide-mémoire?

Pour nous résumer, l’Humble Maître souhaite que l’on s’inspire plutôt de l’exemple que nous a donné à cet égard le Sieur des Combes que de celui de tel ou tel de nos ancêtres spirituels du " groupe de Meaux " qui, en dépit de l’excellence de ses intentions, ne sut peut-être pas toujours complètement échapper aux remous de son siècle.

L’Humble Maître vous remercie par avance de ce rappel nécessaire, auquel il vous demande de procéder d’urgence à l’égard de tous vos Chevaliers.

Il pense avoir bientôt de vos nouvelles qu’il espère bonnes.

Que le Divin Paraclet vous soit en aide, mon Frère, et vous ait en sa sainte garde.

 

L’Humble Maître :Le Bailly :

Signé : G. Tamos

Signé : L. Barmont

 

 

Pour copie conforme

J.C.

En la visite de la Pentecôte

27 Mai 1950

  

 


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