Lectorium Rosicrucianum: un mouvement néerlandais devient international

Texte de la communication du Dr Massimo Introvigne au colloque CESNUR 97 à Amsterdam - © Dr Massimo Introvigne et CESNUR 1997, 1998

 

1. Méthodologie

Le Lectorium Rosicrucianum, ou Rose-Croix d'Or, mouvement né en Hollande (et qui a maintenant aussi sa page sur Internet française et sa page internationale), connaît aujourd'hui un remarquable succès international. Il a quelque 15.000 "élèves" et "membres" du Lectorium en attente de leur admission comme élève dans le monde, dont un peu plus de la moitié en Europe, et une bonne implantation dans des pays extra-européens, dont le Brésil. Pour étudier les NMR et ceux que j'appelle les "nouveaux mouvements magiques", qui socialisent l'approche ésotérique, trois méthodes sont normalement proposées:

-il y a tout d'abord l'approche que Hanegraaff appelle "religioniste" et qui consiste à assumer comme point de départ une doctrine "vraie" pour ensuite examiner, à propos de chaque autre courant ou mouvement, quelles sont ses "erreurs" ou "déviations". Si l'on applique à soi-même l'approche "religioniste", on devient apologétique, si on l'applique aux autres on arrive à l'hérésiologie;

-il y a, ensuite, l'approche "anti-sectes", version sécularisée de l'approche "religioniste" qui compare chaque mouvement (parfois en déclarant ne s'intéresser qu'à ses agissements) aux valeurs de la modernité (rationalité conçue d'une façon plutôt positiviste, démocratie qui devrait être appliquée à toute échelle); si le mouvement s'éloigne trop de ces valeurs il devient une "secte", eventuellement "totalitaire", qui néglige les "droits de l'Homme", bref un groupe stigmatisé par une imagerie de subversion;

-finalement, les spécialistes universitaires au nom de la laïcité de la recherche privilégient dans la plupart des cas un approche "qui met les valeurs entre parenthèse" (value-free), qui ne se propose pas de comparer les valeurs du mouvement et ceux du chercheur ou de la société en général, mais de les saisir en ce qu'elles ont de spécifique.

Bien entendu l'approche "religioniste" et l'approche "anti-sectes" ne sont pas, en soi, sans légitimité. Elles peuvent même contribuer au débat et poser des questions intéressantes. Mais elles deviennent inacceptables quand elles prétendent se présenter comme points de vue universels et seules représentatives du bien commun, en demandant au bras séculier de protéger une religion majoritaire ou une idéologie censée être dominante, à l'occasion l'idéologie de la modernité. De son côté, l'approche "value-free" est consciente qu'un discours totalement séparé des valeurs est impossible aux humains et que le point de vue de l'observateur a une influence sur chaque observation. Il y a toutefois une différence fondamentale quand on essaie (certes, sans jamais y parvenir complètement) de présenter un mouvement religieux à partir des valeurs du mouvement même, et quand au contraire la méthode consiste à soumettre le mouvement à l'examen des critères de l'observateur (qu'ils soient ou non présentés comme critères "universels" que toute personne "raisonnable" ne pourrait qu'admettre). Enfin, le discours "value-free" ne se soustraits pas aux comparaisons (ce qui échappe parfois aux tenants de la position "anti-sectes"). Au contraire du discours apologétique, il cherche à situer le mouvement dans un contexte historique, social et religieux, en proposant des parallèles qui peuvent souvent déranger les membres du mouvement en question, pour lesquels - ce qui est normal et humain - leur famille spirituelle est toujours "unique" et son succès dépend surtout de sa relation privilégiée avec la vérité.

 

2. Le Lectorium Rosicrucianum

Je me propose - sans dépasser les limites de mon temps - de présenter rapidement le LR (je prépare une présentation plus complète sous forme d'un petit livre) pour le situer ensuite dans le contexte socio-religieux contemporain, en posant - sans vraiment y répondre - trois questions sur ses sources de légitimation, sur sa relation avec le Nouvel Age et avec la postmodernité.

Les mouvements que J. Gordon Melton rattache à la famille de la "sagesse ancienne" (ancient wisdom) ont toujours des multiples références aux mythes fondateurs de la tradition ésotérique, qu'il s'agisse de l'Orient, du gnosticisme, de l'hermétisme, des templiers, des rose-croix. On peut toutefois identifier des sous-familles avec référence à un mythe dominant, et parler entre autres d'une sous-famille rosicrucienne où le symbolisme de la Rose-Croix est prééminent. Sans revenir ici sur les origines de la Rose-Croix (sur lesquels Frances Yates et Roland Edighoffer ont jeté depuis plusieurs années le regard de l'historien), ni sur leur influence dans la naissance de la franc-maçonnerie moderne, on peut rappeler que les premières sociétés rosicruciennes au sens moderne du terme se présentent à la fin du 18e siècle. Après le réveil ésotérique du 19e en France autour de Papus et de Péladan, en Angleterre avec la Societas Rosicruciana in Anglia, et aux Etats-Unis avec la Fraternitas Rosae Crucis de Pascal Beverly Randolph, la mouvance rosicrucienne continue dans notre siècle tout d'abord avec Arnold Krumm-Heller (1876-1949), dont la Fraternitas rosicruciana antiqua se répandra surtout en Amérique latine, et Max Heindel (Carl Louis von Grasshoff, 1865-1938), aristocratique danois (de famille allemande) formé dans le milieu de la Société théosophique, qui fonde en 1907 à Los Angeles la Rosicrucian Fellowship. En 1915, toujours aux Etats-Unis, Harvey Spencer Lewis (1883-1939) lance l'AMORC, l'Ancien et Mystique Ordre Rosae Crucis, qui connaîtra un succès remarquable ainsi que, dans les années plus récentes, des schismes et problèmes multiples.

Dans les années 1920 Jan Leene (1896-1968) et son frère Z.W. Leene (1892-1938) deviennent les dirigeants les plus importants de la Rosicrucian Fellowship de Max Heindel en Hollande . Ils font remonter la naissance de l'actuel LR à la date du 24 août 1924, date qui garde pour le mouvement une grande signification spirituelle, même si les frères Leene - auxquels s'était jointe en 1930 Madame H. Stok-Huizer (1902-1990) - ne déclareront leur indépendance de la Rosicrucian Fellowship qu'en 1935. Après la mort prématurée du plus âgé des Leene en 1938, Jan Leene (sous le nom de plume de Jan van Rijckenborgh) et Mme Stok-Huizer (qui signe Catharose de Petri) commencent à mettre par écrit la doctrine du mouvement. Après les difficultés de la guerre (à l'entrée des nazis en Hollande le mouvement fut interdit, ses biens confisqués et ses temples rasés; plusieurs membres - notamment des membres juifs - trouvèrent la mort dans les chambres à gaz), prendra le nom de LR en 1945. Intéressés par le catharisme, les deux fondateurs rencontrèrent en France en 1948 Antonin Gadal (1871-1962), l'un des protagonistes du réveil cathare dans notre siècle, avec lequel ils établiront des multiples liaisons. Quand le LR est créé en France en 1957, Gadal en est le premier président (pour la petite histoire, les statuts sont établis par Richard Dupuy, à l'époque Grand Maître de la Grande Loge). En même temps, le LR commença à se répandre tout d'abord en Allemagne - où le mythe rosicrucien était aussi important que la tragédie cathare dans les milieux occitans - et ensuite dans plusieurs autres pays. Les succès les plus importants se situent en tout cas à une époque récente, après la mort de van Rijckenborgh (1968) et de Catharose de Petri (1990), désormais remplacés par une direction collégiale (Direction Spirituelle Internationale). Les quelques 15.000 adhérents se divisent en 14.000 "élèves" et un millier de "membres du LR" (en attente de leur admission comme élèves). Seuls les élèves, après une période préparatoire de un à deux ans, s'engagent à une pratique de vie où l'"équilibre de la conscience" est essentiel, d'où la recherche d'une purification mentale, émotionnelle et physique, celle-ci favorisée par le végétarisme, l'abstention de l'alcool, du tabac et des drogues et une nette réticence face aux "emprises malsaines" véhiculées notamment par la télévision (ce qui a fait couler beaucoup d'encre).

L'observateur peut en effet retenir facilement comme caractéristiques les plus évidentes du Lectorium la réserve sur la télévision et la croyance à une emprise malsainee du monde des morts ("sphère réflectrice") et des forces occultes alimentéss par les pensées et les actions erronées des humains (bonnes comme mauvaises) sur le monde des vivants. On est en présence ici d'une revendication identitaire et d'une délimitation des confins entre élèves engagés et non-élèves (où l'abstention de la viande, de l'alcool, du tabac et de la télévision jouent le même rôle relevé par plusieurs sociologues à propos de la "parole de sagesse" chez les mormons). Mais l'essentiel de la doctrine du LR n'est pas là. Pour comprendre le LR les références cruciales sont celles au gnosticisme et au catharisme. Le LR propose un dualisme gnostique classique (qui, comme le fait remarquer Antoine Faivre, est parfois difficile à concilier avec la tradition rosicrucienne, qui dans ses origines du 17e siècle n'est pas dualiste) entre monde divin (statique) et monde naturel (dialectique), dont le vrai Dieu n'est pas le créateur. Le monde dialectique comprends donc aussi bien les vivants que les morts en dissolution, en attente d'une nouvelle incarnation, ce qui ne peut se comprendre que dans le cadre de la notion de l'homme-microcosme, notion abondamment développée par le LR. Les théories courantes de la réincarnation du "moi" personnel en vue d'une amélioration sont réfutées, le seul rôle de la conscience-moi étant de se sacrifier pour la "résurrection de l'âme originelle", l'étincelle divine au coeur du microcosme. Les soi-disant vivants que nous sommes, ayant oublié leur filiation divine, sont liés à ce monde dualiste, absurde, mais gardent toutefois un "atome étincelle d'esprit", qui se manifeste chez plusieurs comme souvenir (ou plutôt "présouvenir") et nostalgie. La voie de la transfiguration annoncée par le LR vise à réveiller l'étincelle divine (la "rose du coeur") pour ensuite ramener les humains à leur champ de vie originel. On retrouve ici le schéma classique de tout gnosticisme. Mais ce gnosticisme s'organise selon un langage et des spécificités souvent empruntés au catharisme. Au delà de toute discussion sur le rôle d'un Gadal et sur les filiations historiques, les similitudes entre le dualisme du LR et le dualisme des cathares (développé d'ailleurs de façon graduelle d'après Anne Brenon) sont tout à fait remarquables. Le dualisme du LR (comme celui des cathares) ne se retrouve pas que dans la cosmologie: il inspire les comportements humains (qui peuvent faire progresser vers la transfiguration ou au contraire renfermer dans le champ dialectique), comme aussi l'interprétation ésotérique de l'homme et de son corps, et la vision du futur (où l'on trouve des textes sur l'apparition d'un faux Christ et sur Armagedon qui ont fait parfois ranger le LR dans le champ millénariste ou apocalyptique, définitions qui ne sont acceptables qu'à condition de bien définir dans quel sens on peut utiliser ces termes quand on se réfère à une vision du monde gnostique). En réalité on peut appliquer au LR plusieurs conclusions que des chercheurs contemporains appliquent au catharisme. Même si l'on peut trouver des influences diverses, il s'agit pour l'essentiel d'un christianisme dualiste et gnostique.

 

3. Sources de légitimité

Les mouvements contemporains de la mouvance de l'"ancient wisdom" négocient leur légitimité à l'intérieur du milieu ésotérique selon trois lignes diverses:

a)il y a ceux qui revendiquent surtout une légitimité d'origine, dans le sens d'une "succession apostolique" que l'on proclame ininterrompue dans l'histoire à partir de quelques grands initiés;

b)d'autres revendiquent une légitimité d'exercice par des signes ou manifestations (lévitation, clairvoyance, théurgie);

c)il y a, enfin, ceux qui cherchent leur légitimité par un comportement précis selon la pureté de la doctrine, qui assurerait le contact avec un courant spirituel (ou une "gnose" éternelle) qui est plus important que toute filiation historique.

Il s'agit, bien entendu, de trois types idéals, car beaucoup de groupes revendiquent à la fois les trois légitimités (mais l'une d'elles restant dominante). On est ici frappé de la différence entre l'AMORC et le LR. Pour l'AMORC la légitimité d'origine est capitale, et c'est sur la base de plusieurs initiations que son fondateur aurait reçues qu'elle revendique d'être la seule Rose-Croix authentique. Pour d'autres groupes - l'on peut simplement évoquer ici les structures du roman Rosa-Cruz de Krumm Heller - la légitimité vient de "signes" extraordinaires. Pour le LR les signes et les pratiques visant à les obtenir - pratiques occultes, spiritisme et magie au sens courant du terme - n'ont rien de légitime. Il y a cependant pour le LR un sens tout à fait noble et acceptable du même mot magie, comme utilisation de forces qui permettent de soutenir un processeus spirituel d'éveil de l'âme (et certes pas de développement de la conscience-moi et de ses "pouvoirs") déjà commencé. C'est d'ailleurs seulement dans ce sens qu'on peut definir le LR un "mouvement magique". Au contraire, ces pratiques occultes que le LR rejette avec force rendent les humains victimes d'une illusion qu'ils ont eux-mêmes suscitée. J. van Rijckenborgh a bien noté l'importance de la magie sexuelle pour les chercheurs de signes mais il l'a sévèrement condamnée en montrant que l'action de ces pratiques dans l'anatomie ésotérique entraîne les risques les plus graves. Comme tout groupe ésotérique, le LR revendique aussi une certaine légitimité d'origine - notamment par Gadal - mais cet élément ne vient que très rarement en premier plan. En réalité l'élément le plus important pour le LR est la doctrine et le contact avec la Gnose comme courant spirituel, manifestation du champ de rayonnement du Christ, "Fraternité universelle" qui ne se réduit pas à ses manifestations humaines.

Quand on joue toutes ses cartes sur la légitimité d'origine on s'expose évidemment à des vérifications empiriques par des sceptiques. C'est le cas, en ce qui concerne l'AMORC, de la guerre menée contre Lewis par R. Swinburne Clymer de la Fraternitas Rosae Crucis, et - sur un autre plan - des ouvrages polémiques de chercheurs contemporains comme M. Vanloo. Plus récemment un journaliste et écrivain, Christian Bernadac, a attaqué le LR avec le langage typique de la mouvance anti-sectes dans un ouvrage consacré à Otto Rahn, Montségur et le Graal (1994). L'auteur - visiblement très peu informé sur le LR - ne comprend toutefois pas que la légitimité est conçue dans ce mouvement dans un sens qui n'est pas celui de l'AMORC. La légitimité de l'AMORC reste ou tombe avec les "documents" qui devraient prouver sa "succession apostolique". Nonobstant l'intérêt pour la figure de Gadal, la négociation de la légitimité chez le LR pourrait bien se passer de lui. Cette différence de taille dans le processus de légitimation explique peut-être certains critiques de membres de l'AMORC contre le LR. Dans la nouvelles édition (1996) de la présentation de l'AMORC en questions et réponses, on affirme que "aucune de ces (autres) organisations dites rosicruciennes ... ne peuvent revendiquer un lien authentique avec la véritable Tradition Rose-Croix. De nos jours c'est l'A.M.O.R.C qui est l'héritier de cette Tradition et qui la perpétue" (L'Ordre de la Rose-Croix A.M.O.R.C en questions, 1996, p. 98). On peut y voir une défense de la notion même de la légitimité d'origine. On se situe sur un plan moins acceptable quand l'AMORC rappelle aux lecteurs qu'il "n'a strictement rien à voir avec une secte. Il n'a d'ailleurs jamais été mentionné en tant que telle dans les différents rapports officiels publiés sur les sectes" (ibid., p. 17), allusion peu élégante à la bizarre inclusion du LR dans la liste des "sectes" du rapport parlementaire français de 1996, liste maintes fois critiquée. Le fait que ce rapport donne des informations sur le LR complètement fausses alors que l'AMORC est innocenté d'une façon explicite soulève des questions très délicates. Faudra-t-il supposer que le conflit entre deux formes diverses de négociation de la légitimité rosicrucienne sera désormais réglé par les commissions parlementaires, qui se déclarent capables (mais qui les inspire et les informe?) de faire le tri entre "bons" et "mauvais" rosicruciens?

 

4. LR, New Age et postmodernité

Le LR ne fait pas partie de la mouvance New Age. Il ne peut que considérer comme typiques du champ dialectique la plupart des pratiques à la page dans ce milieu. Toutefois le LR a été capable de trouver des membres dans les milieux du New Age, et dans certains pays cela n'est pas arrivée par hasard. J'ai par exemple assisté à des conférences de présentation du LR en 1997 à la librairie Bodhi Tree de Hollywood, véritable Mecque du New Age californien, et au Salon du livre ésotérique de Tours où la mouvance New Age, sans être la seule représentée, était sans doute très présente. Plusieurs jeunes membres du LR en Italie n'ont pas une formation dans l'ésotérisme au sens classique, mais ont commencé à s'intéresser à des idées ésotériques en lisant des magazines ou des auteurs New Age (qu'ils critiquent aujourd'hui au nom de leur nouvelle identité). On pourrait ici mettre à l'épreuve les hypothèses de Wouter Hanegraaff sur le New Age comme ésotérisme dans le miroir de la pensée sécularisée. L'itinéraire de plusieurs membres du LR semble en effet à rebours: ils essaient de de-séculariser ce qui passe aujourd'hui pour ésotérisme dans les milieux New Age, en retrouvant des modèles qu'ils estiment plus "purs" et plus proches d'une sagesse ancienne (gnostique ou cathare). S'ils cherchent des modèles assez éloignés c'est évidemment qu'ils ne sont pas satisfaits de l'offre actuelle du New Age, et qu'ils en perçoivent peut-être la crise dont parle J. Gordon Melton. Mais les théories de Hanegraaff pourraient être ultérieurement appliquées, en se demandant s'il ne s'agit pas dans plusieurs itinéraires personnels aboutissant au LR d'une transformation de l'identité du New Ager plutôt que d'un refus: par exemple, le LR affirme que les théories courantes de la réincarnation sont fausses mais qu'un noyau de l'idée de la réincarnation est vrai. On pourrait aussi se demander si un voyage a rebours est vraiment possible, et si l'appréhension du gnosticisme et du catharisme aujourd'hui ne se passe pas dans quelque façon aussi "dans le miroir de la pensée sécularisée".

Ces réflexions nous amènent à nous demander si le succès contemporain du LR s'inscrit dans le contexte de la postmodernité, comme chance pour des formes de pensée radicalement non modernes (sans être nécessairement un pur et simple retour de formes prémodernes). Il est ici capital de distinguer entre postmodernisme et postmodernité. Il n'y a pas de société organisée à partir des théories postmodernistes, et en tout cas James Beckford a en général raison d'affirmer que les idées des théoriciens postmodernistes n'ont eu presque aucune influence dans le champ religieux (des exceptions toutefois existent). On peut toutefois parler d'une postmodernité comme fait, d'une société où les valeurs typiquement modernes sont en crise. Si cette société postmoderne (qui n'adopte pas les théories des postmodernistes) existe, il est normal que des formes religieuses éloignées de la modernité y prospèrent. Mais ces formes ne suivront pas nécessairement les idées des théoriciens postmodernistes. elles en seront même radicalement éloignées. C'est le cas, il me semble, du LR, mouvement qui prospère typiquement dans le contexte de la postmodernité alors que sa conception de la vérité et de la Gnose se situent aux antipodes des théories postmodernistes (comme de l'épistémologie du New Age). Faudra-t-il l'appeler "catharisme dans le miroir de la pensée sécularisée"?


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