CESNUR - Centro Studi sulle Nuove Religioni diretto da Massimo Introvigne

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Massimo Introvigne - PierLuigi Zoccatelli
La Messa è finita? Pratica cattolica e minoranze religiose nella Sicilia Centrale
Salvatore Sciascia Editore, Caltanissetta - Roma 2010

Recension de Jean-Pierre Laurant
(Archives de sciences sociales des religions, 56e année, n° 156, octobre-decémbre 2011, pp. 183-184)

Cette enquête réalisée par le Centre d'études sur les nouvelles religions (CESNUR, Turin), à la demande de la Région Sicile, dans le diocèse de Piazza Armerina, répondait au souci de mesurer l'importance des mutations religieuses dans une province traditionnellement catholique mais influencée par une immigration ancienne de retour des États-Unis ayant fait l'expérience de la multi-confessionnalité et plus récente en provenance du Maghreb ou de l'Union Européenne. Après le rappel des normes de la pratique dans l'Eglise catholique, depuis Vatican II, données par l'évêque lui-même, M. Introvigne définit celles de l'enquête mesurant les mutations du croire, de l'appartenance et du comportement à l'aune d'une "macro-sécularisation" (liée à la croyance) et d'une "micro-sécularisation" (liée au comportement): les interférences relevant du lot habituel des difficultés inhérentes à la "société complexe".

Le diocèse compte deux cent vingt mille habitants et le travail a porté sur une douzaine de villes ou gros bourgs allant de cinq mille à soixante-dix-mille âmes à Gela; la population est en net déclin sauf pour cette dernière ville en croissance importante. Les résidents étrangers représentent 1,6% (6,5% pour l'ensemble de l'Italie). L'échantillonnage a porté sur mille personnes (78,9% entre 15 et 64 ans) et 92,2% se sont dits catholiques, un pourcentage plus important est constaté dans les zones rurales et plus faible en ville, les autres appartenances dépassent rarement 1% (protestants évangéliques et témoins de Jéhovah; l'estimation du nombre des musulmans en Sicile est plus délicate), 3% se déclarant sans religion. Parmi les croyants, 17,6% ne participent à aucun rite religieux (sauf mariages et enterrements) et 27% on une pratique religieuse régulière; les pratiquants sont en majorité des femmes (52,1%).

La partie suivante analyse, sous la plume de PierLuigi Zoccatelli, les formes multiples du pluralisme religieux en Sicile centrale à la lumière de l'histoire des groupes pentecôtistes marquée par l'influence des deux guerres mondiales et celle de personnalités charismatiques, pasteurs, voire avocats (ce qui explique la disparité des communautés…). Le "réveil" charismatique des années soixante, qui a également touché les milieu catholiques, a été particulièrement important, centré sur la glossolalie et la guérison (des guérisseurs extérieurs aux mouvements, tels Gordon Lindsay ou Oral Roberts, ont pu jouer un rôle important ainsi que la médiatisation du "parler en langue"). La présence des témoins de Jéhovah n'est pas négligeable, près de trois mille assistent à la commémoration annuelle de la Cène. Celle des orthodoxes n'est pas liée au passé de la Sicile mais à l'émigration roumaine contemporaine. En ce qui concerne les divers bouddhismes, la Soka Gakkai, le baha'isme, le Reiki japonais ou l'Église de Scientologie, les adhérents ne dépassent pas quelques dizaines dans le diocèse. Pour chacun de ces groupes, l'historique de leur origine, de leur implantation en Italie et de leur organisation est donnée en s'appuyant sur Le Religioni in Italia, un travail encyclopédique des mêmes auteurs publié en 2006.

Il revenait à Augusto Gamuzza de traiter de la question de l'islam dans cette porte sud de l'Europe. La majorité des migrants est de passage, en quête de travail dans des régions plus industrialisées; les résidents sont en majorité tunisiens (289); suivis des Marocains (198) et leurs pratiques restent purement individuelles ou familiales, il n'y a pas de lieu de prière collective. A. Gamuzza s'interroge ensuite sur la méthode d'approche de milieu culturellement si différents, mettant au point un questionnaire type sur le ressenti de la situation d'un musulman aujourd'hui en Sicile, la fréquence et le lieu de la prière, la connaissance d'organisations musulmanes et l'utilité d'une présence religieuse dans l'espace public. L'enquête esquissée montre à la fois l'absence de structures opérationnelles pour les musulmans du diocèse et le besoin de chercher une identité par le truchement du religieux.