De Regnabit au Bestiaire du Christ. L'itinéraire intellectuelle d'un symboliste chrétien : Louis Charbonneau-Lassay

 

Conférence de PierLuigi Zoccatelli du 7-12-1996,
à Loudun (église collégiale Sainte-Croix),
en occasion des commémorations du cinquantenaire de la
mort de Louis Charbonneau-Lassay
(mise à jour avec notes le 20-12-1997)

 

I. De Paray-le-Monial à Regnabit : naissance d'un milieu

De 1921 à 1929 dans la revue Regnabit, de 1929 à 1939 dans Le Rayonnement Intellectuel et en même temps par quelques études dans Atlantis, Le Voile d'Isis et Études Traditionnelles, Louis Charbonneau-Lassay (1871-1946) [1] eut le moyen de concentrer ses efforts sur la partie plus importante et profonde de son oeuvre -- l'emblématique christique -- qui ne sera complétée que par la réalisation et la publication du Bestiaire du Christ [2].

Selon saint Thomas d'Aquin, ni les hommes, dont le sou venir est consigné dans l'histoire, ni les objets que nous offre la nature, n'ont de valeur en eux-mêmes, mais seulement dans la mesure où ils conduisent au Christ : in quantum ducunt ad Christum [3].

Pour mieux comprendre les étapes de l'itinéraire d'approfondissement culturel et spirituel qui caractérisa la vie de Louis Charbonneau-Lassay, dont l'oeuvre sur le symbolisme christique nous paraît se situer exactement dans cette ligne, il sera opportun de nous arrêter suffisamment sur le milieu qui caractérisa les revues où le savant fournit les premiers résultats concrets et mûrs de ses recherches sur l'emblématique christique en particulier et sur le symbolisme en général.

Il est nécessaire de décrire tout d'abord, dans ses grandes lignes, le courant au sein duquel cette revue est née et s'est implantée. Nul n'ignore aujourd'hui que les questions relatives au culte du Sacré-Coeur occupent une position centrale dans la réflexion de quelques-uns des ésotéristes les plus importants ; ce thème -- surtout depuis la publication, le 15 mai 1956, de l'encyclique Haurietis aquas de Pie XII -- a donné lieu à de pénétrantes analyses concernant les rapports entre théologie et symbolisme [4].

Un monde qui -- quoique seulement collatéral à celui de Charbonneau-Lassay -- déterminera le mûrissement de personnalités et thèmes essentiels pour le sujet que nous traitons, un monde qui se développa dans le dernier quart du siècle passé à Paray-le-Monial, lieu des apparitions au XVIIe siècle du Coeur de Jésus à sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690). En 1873, le jésuite Victor Drevon (1820-1880) -- ensuite vice-postulateur de la cause de béatification du Père Claude La Colombière s.j. (décédé 1682) -- fonda à Paray-le-Monial, avec le baron Alexis de Sarachaga (1840-1918) -- noble espagnol lié par sa mère à la cour impériale de Russie et apparenté par son père à sainte Thérèse d'Avila, intéressé tant à l'ésotérisme chrétien qu'aux idées du règne social de Jésus-Christ et de la communion réparatrice (à la diffusion desquelles il fut encouragé par Pie IX lui-même) -- un centre d'études appelé Hiéron du Val d'Or. De musée eucharistique, établi selon un plan symbolique bien précis, le Hiéron deviendra en 1877 une société visant quatre buts explicites (la démonstration des origines du christianisme dans la mythique Atlantide ; la reconstitution d'une tradition sacrée universelle ; la préparation pour l'an 2000 d'un règne politique et social du Christ-Roi et l'enseignement du nom sacré Aor-Agni -- Lumière-Feu -- comme clef de toute la connaissance) et un but secret (la lutte contre la maçonnerie anti-chrétienne par la création d'une « maçonnerie chrétienne du Grand Occident »). Comme on peut le constater d'après ces quelques aperçus, la doctrine du Hiéron n'était pas exempte de thèmes singuliers. À la mort de Sarachaga, les époux Georges Gabriel et Marthe de Noaillat, restèrent à Paray et réorientèrent le Hiéron dans une perspective nettement plus orthodoxe, en se battant pour l'institution de la fête du Christ-Roi (qu'ils obtinrent de Pie XI par l'encyclique Quas Primas de 1925). À la disparition des Noaillat et de leur collaboratrice Jeanne Lépine -- décédée avec Marthe de Noaillat asphyxiées par les émanations délétères d'un poêle le 5 février 1926 --, qui resta longtemps en correspondance avec Paul Le Cour (1861-1954), fondateur en 1927 de l'association Atlantis qui tenta de reprendre quelques thèmes chers à Sarachaga (dont il hérita l'anneau d'or, legs où les partisans de Le Cour voient une sorte de succession), les activités du Hiéron du Val d'Or s'inter rompirent, après avoir laissé cependant de multiples inspirations que d'autres recueilleront ensuite.

C'est à cette même période que furent abordés de façon systématique les thèmes du Sacré-Coeur et du Règne Social du Christ dans une revue consacrée à ces sujets : Regnabit.

Nous avons déjà fait allusion à la collaboration qui lia Charbonneau-Lassay à Regnabit d'abord et au Rayonnement Intellectuel ensuite ; une collaboration féconde : rien que dans Regnabit, en l'espace d'un peu plus de huit ans, soixante-seize articles dans la rubrique doctrinale.

photo de L. Charbonneau-Lassay Regnabit, Revue universelle du Sacré-Coeur, paraît juin 1921, sur l'initiative du Père Félix Anizan (1878-1944), oblat de Marie Immaculée, apôtre de la dévotion et de la doctrine du Sacré-Coeur, auteur d'innombrables ouvrages sur ce sujet. Persuadé que « le Sacré-Coeur n'a pas dans la vie chrétienne, dans la pensée catholique, la place qui lui revient » [5], il jugera nécessaire de fonder une revue scientifique traitant ce thème à tous points de vue : dogmatique, moral, ascétique, mystique, liturgique, artistique et historique.

Il réalisa son projet avec la collaboration du centre de dévotion au Sacré-Coeur de Paray-le-Monial ; parmi les premiers collaborateurs d'Anizan nous trouvons le jésuite Augustin Hamon -- qui était à l'époque le spécialiste de la mystique du Sacré-Coeur --, le bénédictin dom Demaret -- de l'abbaye de Solesmes --, le confrère oblat Émile Hoffet (1873-1946), Gabriel de Noaillat, secrétaire du Centre de Paray-le-Monial, le futur monseigneur Léon Cristiani (1879-1971), ainsi que le secrétaire du centre de Paray-le-Monial, Gabriel de Noaillat.

La revue paraît sous les auspices d'un comité patronal composé par le cardinal Louis-Ernest Dubois (1865-1929), archevêque de Paris, et quinze prélats de tous les continents, parmi lesquels nous trouvons dom Gariador, l'Abbé général de la Congregazione Benedettina Cassinense. L'approbation ecclésiale de la revue sera ensuite confirmée le 10 mars 1924 par une Bénédiction apostolique spéciale -- où étaient exprimés les félicitations et l'encouragement -- envoyée à la rédaction de Regnabit par le Secrétariat d'État de Pie XI et signée par le cardinal Pietro Gasparri.

 

II. « L'abrégé de tous les mystères du christianisme »

La collaboration de Louis Charbonneau-Lassay à Regnabit, demandée par le cardinal Louis Dubois, commence en janvier 1922, après qu'il eut fait connaissance avec Félix Anizan et l'équipe de la revue au congrès eucharistique national qui s'était tenu en juin 1921 à Paray-le-Monial. Le premier article de l'illustre exégète de la symbolique chrétienne -- Le Sacré-Coeur du Donjon de Chinon, attribué aux Chevaliers du Temple -- aura pour objet quelques graffiti retrouvés dans la forteresse de Chinon et attribués aux Templiers emprisonnés (1308-1309) ; dans la même année 1922, suivront deux autres études, importantes pour pouvoir rétrodater l'iconographie du Sacré-Coeur, généralement fixée à partir du quinzième siècle.

Louis Charbonneau-Lassay continuera ses publications fort appréciées sur des thèmes concernant tour à tour le symbolisme du Sacré-Coeur sous ses aspects historiques, archéologiques, mystico-dévotionnels, en étudiant aussi leurs implications sur le plan cosmologique, le tout appuyé, comme d'habitude, sur une très exacte documentation iconographique par lui-même reproduite en gravure ; dans les dernières années de publication apparaîtront en outre dans la revue d'intéressantes études de numismatique propres à situer historiquement et doctrinalement la dévotion à la Royauté sociale de Jésus-Christ.

Le 22 janvier 1925, sousles auspices de M.lle Kirch -- directrice de l'Institut Central Féminin (44, rue du Louvre, Paris) -, le Père Anizan, Charbonneau-Lassay et d'autres collaborateurs de la revue fondent une association dénommée Société du Rayonnement Intellectuel du Sacré-Coeur. Dans l'appel du programme lancé dans les pages de Regnabit, l'association s'adresse « aux écrivains et aux artistes », en exposant brièvement ses objectifs :

« La Société du Rayonnement Intellectuel du Sacré-Coeur ne veut pas être une oeuvre de piété. Elle veut être un organe de conquête.[...] Après Bossuet qui voyait dans le Coeur du Christ "l'abrégé de tous les mystères du christianisme" [...] nous pensons que la Révélation du Sacré-Coeur est toute l'idée chrétienne manifestée en son point essentiel, et sous l'aspect qui est le plus capable de saisir la pensée humaine.[...] Cette Révélation s'adresse à l'esprit, pour le mettre ou pour le remettre dans le sens de l'...vangile. Puisque le symbole est es sentiellement une aide à la pensée -- puisqu'il la fixe et puisqu'il l'entraîne -- c'est à la pensée que s'adresse le Christ en se montrant dans un symbole réel qui, même aux peuples antiques, est apparu comme une source d'inspiration, comme un foyer de lumière. » [6]

 

III. Problèmes anciens et conflits nouveaux

À une époque que Marie-France James dit « à la dérive religieuse, intellectuelle et sociale », mais où cependant divers milieux avaient le désir « de ramener l'ordre dans le chaos, en oeuvrant pour un nouveau règne affirmé du spirituel sur le temporel ou, plus schématiquement, de l'esprit sur la matière » [7], les intérêts et les efforts de la Société du Rayonnement Intellectuel firent qu'elle assimila des éléments ou des doctrines qui n'étaient concordants qu'en apparence.

On pourrait situer de cette façon la collaboration offerte par René Guénon (1886-1951) dans les années 1925-1927 à Regnabit, alors qu'il devient membre de l'association. Durant son énigmatique activité de collaborateur à la revue La France anti-maçonnique, René Guénon avait fait connaissance avec Olivier de Frémond (1850-1940), membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest, grâce auquel Louis Charbonneau-Lassay entra en contact avec Guénon, sur la base du commun intérêt pour le symbolisme et de la commune -- ou au moins apparemment telle -- qualité de militants catholiques.

Par le truchement de Louis Charbonneau-Lassay, René Guénon devient collaborateur de Regnabit, en publiant, comme première contribution à la revue, dans le numéro d'août-septembre 1925, une étude sur la signification du coeur dans les traditions pré-chrétiennes, qui prend comme point de départ un précédent article du même Charbonneau-Lassay.

« Dans le cadre assez particulier de Regnabit, René Guénon devait se placer, ainsi qu'il le dira lui-même plus tard, plus spécialement dans la "perspective" de la tradition chrétienne, avec l'intention d'en montrer le parfait accord avec les autres formes de la tradition universelle. » Par là s'explique sans doute « le fait, malgré tout étonnant, qu'il ne faisait jamais référence [dans Regnabit] à ses propres ouvrages consacrés aux doctrines hindoues, alors que d'une façon générale c'est dans ces doctrines que son enseignement prenait surtout son point d'appui. » [8]

Comme chacun sait, la participation de Guénon à Regnabit a connu une fin mouvementée, puisqu'elle s'est arrêtée brutalement, débouchant sur une mésentente assez vive entre les deux parties [9]. Deux articles, déjà prêts pour l'impression, ne furent pas publiés ; ils ne seront repris que plusieurs années plus tard dans la revue Études Traditionnelles. Sans prétendre épuiser la question, il n'est pas inutile de rappeler que Guénon lui-même attribuera la responsabilité de cette rupture à l'« hostilité de certains milieux "néo-scolastiques" nous ayant obligé alors à cesser notre collaboration » [10]. Si cette déclaration est indiscutablement fondée, il n'en faut pas moins tenir compte du fait que l'étude de certains dossiers que nous avons pu consulter [11] révèle que l'origine de la rupture se trouve -- outre que en raison des certaines thèses doctrinales de Guénon jugées pour le moins hardies par l'équipe de Regnabit -- aussi dans un ensemble complexe de divergences entre le père Anizan et sa congrégation religieuse, dues en grande partie à une querelle sur les fondements théologiques de la dévotion au Sacré-Coeur, qui durait depuis 1923 et ne devait faire que s'aggraver, au point de faire cesser la parution de Regnabit en 1929, comme en témoigne une lettre que Charbonneau-Lassay enverra à la hiérarchie de la congrégation.

Ici, une question s'impose avec force : comment se fait-il qu'un auteur, que l'on considère aujourd'hui généralement comme non-catholique, ait pu écrire dans une revue telle que Regnabit, qui se rangeait explicitement sous la bannière de la profession intégrale de la foi catholique, et dont le zèle missionnaire était typique des milieux opposés aux courants chrétiens progressistes du moment, tant sur le plan politique que sur le plan religieux ? La réponse à cette question exigerait une longue discussion sur le grand débat qui a agité le monde catholique à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle ; les divers courants -- rationalisme, dévotion, approfondissement symbolique -- qui s'y sont alors manifestés apparaissaient comme un mouvement centrifuge que ne compensait nulle volonté de rétablir un équilibre ou de trouver un compromis. Dans ce cadre, on pourrait dire que c'est le courant rationaliste qui est sorti victorieux du conflit ; en effet, le courant de la dévotion sentimentale est resté comme abandonné à lui-même, et le courant symbolique a été en partie absorbé par le courant ésotériste qui a surgi à cette époque, rejeton historique et néanmoins ennemi juré de l'occultisme et du spiritisme de la France post-révolutionnaire et romantique. Des tentatives de résistance à ce mouvement centrifuge, sur le plan religieux, culturel et politique, n'ont pas manqué de se développer, surtout dans le camp du symbolisme chrétien : il suffit de citer les noms du cardinal Jean-Baptiste Pitra (1812-1889), de l'évêque Jean-Sébastien-Adolphe Devoucoux (1804-1870) et du chanoine Charles-Auguste Auber (1804-1892). L'expérience de Regnabit, précédée par le Hiéron du Val d'Or et poursuivie dans Le Rayonnement Intellectuel, apparaît comme un essai volontaire pour rétablir l'équilibre, et l'on y voit s'associer des personnages représentatifs d'une problématique qui les transcende. C'est le cas du père Félix Anizan, de Louis Charbonneau-Lassay et de René Guénon. Le premier, à partir d'une conception dévotionnelle centrée sur le culte du Sacré-Coeur, semble percevoir que l'emploi des symboles ouvre sur un monde qui n'est pas seulement celui du sentiment ; le second, riche d'une érudition mûrie dans l'étude de la « philologie des symboles », développe l'intuition selon laquelle tous ces signes constituent un langage, et oriente tout son discours autour de l'analyse de ce dernier ; le troisième, enfin, en accord avec les positions « relatives » des deux autres, propose une clef de lecture du discours symbolique, dans le but « d'en montrer le parfait accord avec les autres formes de la tradition universelle ». Il va de soi que cette perspective fait problème pour la doctrine catholique, qui voit dans le Christ et son Église la Personne et l'avènement qu'il est littéralement impossible de transcender.

On peut donc légitimement se demander si le comité de rédaction de Regnabit a fait simplement preuve de naïveté en ouvrant les pages de la revue à un collaborateur tel que Guénon. S'agit-il, au contraire, de la mise en oeuvre d'une sorte de stratégie dirigée contre un ennemi commun -- le rationalisme --, identique à celle que le publiciste anti-maçonnique Abel Clarin de La Rive (1855-1914) paraît avoir appliquée, quelque temps auparavant (dans les années1913-1914, où plus probablement dès 1909), en accueillant Guénon dans La France anti-maçonnique ? La direction de Regnabit -- Louis Charbonneau-Lassay y compris -- connaissait-elle les positions doctrinales authentiques de Guénon, ou bien ce dernier les avait-il dissimulées habilement en s'abstenant de mentionner, pendant quelque temps, certains des points essentiels de sa pensée ? En somme, y eut-il véritablement une alliance, ou seulement une rencontre née du hasard et de contacts amicaux ? Le lecteur ne doit pas s'étonner qu'il soit encore difficile, soixante-dix ans plus tard, d'apporter une réponse définitive. La question mérite d'être posée ; n'en déplaise à ceux qui pourraient penser qu'il n'y a là qu'un problème oiseux ou secondaire, nous estimons qu'il est absolument fondamental. À défaut de pouvoir en donner la solution, nous avons du moins, croyons-nous, formulé clairement le problème, sans compter que les faits, à leur manière, sont aussi des réponses.

Quoi qu'il en soit, outre toutes les circonstances qui n'ont pas manqué d'influer sur la rupture de Guénon avec la revue dirigée par Félix Anizan [12], il nous apparaît que la raison essentielle du désaccord -- qui n'a pas perdu son actualité -- est double : elle réside, d'une part, dans le rapport complexe et délicat qu'entretient le christianisme avec l'ésotérisme chrétien -- que nous préférons, pour notre part, appeler, de façon moins ambiguë, la « gnose chrétienne » [13] -- et, d'autre part, dans le sens qu'il faut donner à la notion de « Tradition primordiale », avec toutes les conséquences doctrinales et pratiques, surtout en ce qui concerne la religion, qu'une telle conception -- un point absolument central de l'opus guénonien -- fait surgir. La discussion approfondie de ces épineux problèmes ne saurait être menée ici ; nous croyons toutefois qu'il n'est pas superflu d'indiquer que le contexte de la querelle Guénon-Regnabit trouve sans doute un éclaircissement dans le texte que le père Anizan a fait figurer en tête du premier article publié par Guénon dans la revue catholique. Le religieux, pour définir les traditions qui ont précédé le christianisme, les ramène à la notion de « pré-manifestation », suivant en cela une doctrine commune à toute la pensée catholique. [14]

 

IV. Une correspondance inédite

Mais revenons à Charbonneau-Lassay. Bien que l'ésotériste de Blois ait cessé sa collaboration à Regnabit, celui-ci et le Loudunais continueront leur rapport épistolaire et à se citer mutuellement dans leurs ouvrages. L'étude de la correspondance -- encore inédite -- de René Guénon a Charbonneau-Lassay nous permit de connaître de façon plus précise leur liens, qui ont fait souvent -- et font encore -- l'objet d'un intérêt soutenu et ont donné lieu à certaines erreurs d'interprétation, ainsi qu'à des équivoques plus ou moins volontaires.

Ces lettres s'avèrent précieuses en ce qu'elles révèlent les relations d'estime sincère et d'amitié réciproque qui unissaient les deux hommes. On y trouve toutes sortes d'informations, et plus particulièrement des renseignements sur divers aspects de l'étude des symboles, sujet à propos duquel Charbonneau-Lassay reconnaissait volontiers à Guénon « son incontestable autorité » [15], même si elles soulèvent plusieurs problèmes, et si sur des points importants leurs opinions ont parfois divergé assez sensiblement. Cette différence de vues est illustrée par le propos suivant de Marcel Clavelle (1905-1988), qui les a bien connus tous les deux :

« À vrai dire, je ne suis pas sûr que Charbonneau-Lassay ait lu tous les travaux de Guénon. Ce qui l'intéressait chez ce dernier, c'est la notion de l'universalité du symbolisme dans les traditions pré-chrétiennes et chrétienne. » [16]

Même si la question du rapport entre les deux auteurs se limite sans nul doute à ce que nous venons d'énoncer, des opinions plus ou moins bien intentionnées ont toujours subordonné la figure de Charbonneau-Lassay à celle de Guénon, d'où il ressortirait que l'oeuvre du premier ne serait en fait qu'une confirmation, ou même une simple illustration, des thèses du second. De là, en particulier, la rumeur selon laquelle Charbonneau-Lassay aurait conduit une sorte de double vie, en remplissant le rôle de vulgarisateur des thèses de René Guénon dans la sphère des milieux catholiques rétrogrades de l'époque, et en même temps en menant une vie initiatique très réservée non seulement dans les organisations « guénoniennes », mais aussi dans d'autres, plus éloignées encore de l'orthodoxie catholique. Certes, tout est possible et l'histoire -- surtout l'histoire des milieux ésotériques -- réserve souvent des surprises. Il n'est pas rare que l'on vienne à connaître de nouveaux documents qui contraignent à revoir les jugements formulés précédemment. Néanmoins, pour ne pas réduire l'histoire de l'ésotérisme à un ensemble de fantaisies et de conjectures, il est nécessaire de se rappeler que, aussi dans ce domaine, pour interpréter des faits et des textes d'une façon différente, les hypothèses aventureuses ne sont pas suffisantes, et il faut produire une documentation rigoureuse. La charge d'apporter des preuves incombe à qui affirme que l'oeuvre de Louis Charbonneau-Lassay doit être interprétée d'une façon différente de ce qui ressort à la lecture de ses textes, même inédits, sicut litterae sonant. L'historien, s'il reste ouvert à de nouvelles interprétations pouvant être suggérées par d'éventuelles découvertes documentaires, doit toutefois conclure, en l'état des pièces du dossier, que Louis Charbonneau-Lassay peut être considéré comme un catholique pleinement orthodoxe tant dans sa vie publique que dans sa vie privée.

 

V. Le Bestiaire du Christ

Ayant remplacé Paul Thomas à la direction de la Société du Rayonnement Intellectuel, Charbonneau-Lassay deviendra également le directeur de la revue Le Rayonnement Intellectuel, qui représentera la partie la plus intellectuelle de Regnabit, dont l'aspect plus spécifiquement dévotionnel continuera néanmoins dans la Revue Universelle du Sacré-Coeur. La nouvelle publication vit le jour dans le second semestre de 1929, mais comme elle devait son origine à la fondation de la Société même, 1929 est indiqué comme cinquième année de publication.

Aidé par le Père Anizan et, à partir de 1936, par l'abbé Cauwès, assisté entre autres par Germaine Maillet, par le Père Devès et par Jean Patézon, Louis Charbonneau-Lassay, de sa résidence d'Orly -- 11 bis, rue des Caves --, laquelle était aussi le siège légal de la revue, continuera la publication de ses études sur l'emblématique, une bonne partie desquelles sera destinée à être reprise sans modifications dans son ouvrage fondamental : Le Bestiaire du Christ.

Dans la présentation du Bestiaire du Christ, commandée par les éditions Desclée de Brouwer avant-guerre, Luc Benoist (1893-1980), critique d'art solide ainsi que conservateur des Musées de France, nous renseigne sur les prémisses de l'entreprise de Louis Charbonneau-Lassay :

« Un jour, dans le cabinet de S. Em. le Cardinal Dubois, Archevêque de Paris, la conversation étant tombée sur la pensée de Léon XIII qui présente le Coeur transpercé comme le dernier symbole du Sauveur, les personnes présentes constatèrent avec le Cardinal que la symbolique personnelle de Jésus-Christ était chose aujourd'hui fort mal connue, et dirent à M. Charbonneau-Lassay qu'il y avait là un beau sujet pour sa compétence, et très digne de lui. La réalisation de ce projet, conçu dans un entretien d'une heure, demanda une quinzaine d'années. Mais aussi quelle moisson et quelle richesse ! » [17]

La proposition du cardinal Louis-Ernest Dubois se situait dans un contexte culturel formé de cette partie de l'élite catholique qui redécouvrait le langage symbolique comme partie essentielle de la tradition chrétienne, et qui remontait au moins à la moitié du XIXe siècle dans les personnes d'ecclésiastiques et d'érudits comme le cardinal Jean-Baptiste Pitra, de l'évêque Jean-Sébastien-Adolphe Devoucoux, du chanoine Charles-Auguste Auber et, plus récemment, Mgr Xavier Barbier de Montault (1830-1901), ami et concitoyen de Charbonneau-Lassay, et dom Henry Leclercq, pour ne citer que les noms plus célèbres.

Voici une clef de lecture très utile de la période historique à laquelle nous nous référons, tirée d'un important livre de M. Jean-Pierre Laurant :

« Véhicule privilégié des vérités spirituelles, le symbolisme fut l'objet, de son côté, d'un enjeu capital au XIXe siècle. Le Romantisme allemand avec Schleiermacher (1768-1843) et Görres (1776-1848) avait combiné le retour au christianisme avec l'universalisme ; temps de résurrection selon l'expression de Novalis (1772-1801). Friedrich Schlegel (1768-1834) avait déjà annoncé le dévoilement de tous les mystères et l'on retrouve cette "intelligence analogique, synthétique et intuitive..." dans La symbolique de Friedrich Creuzer (1771-1858) qui avec Görres, Louis de Bonald (1754-1840), Maistre et Lamennais furent au premier rang des lectures des séminaires de la Restauration d'où sortirent les chanoines savants des cathédrales et les curés de paroisses rurales friands de légendes. Joseph Guigniaut (1794-1876) traduisit La symbolique en français en 1825.

« Les thèses de Creuzer, professeur à l'université de Heidelberg, après avoir connu un énorme succès déclinèrent en même temps que "la science romantique", après les attaques de l'Antisymbolik de Johann Heinrich Voss (1751-1826) ; en particulier, en 1824, puis de Christian Lobeck (1781-1860). La France suivit avec quelques années de retard et nombreux furent ceux qui, dans l'Église principalement, restèrent convaincus de l'unité primordiale du symbolisme, un des points forts de la pensée de Creuzer.

« Le père jésuite Charles Cahier (1807-1882) avait publié dans cet esprit en 1847 un in-folio sur les vitraux de la cathédrale de Bourges, mais il renonça par la suite à cette thèse au grand scandale de l'érudit J.-B. Pitra qui, helléniste de valeur, avait tenté d'utiliser la méthode historique pour démontrer que les textes latins médiévaux réunis sous le nom de clef et attribués à l'évêque Méliton de Sardes, du second siècle provenaient d'un original grec et constituaient bien le code primitif du symbolisme des Pères. La science catholique devait établir par l'histoire l'autorité de la tradition conçue de façon proche d'un ésotérisme chrétien.

« L'archéologue romantique Adolphe Didron (1806-1867), ami de Victor Hugo, était allé chercher au mont Athos le guide secret de la peinture, source d'un art sacré universel. Il connut le même sort que la Clef.

« Malgré des combats d'arrière-garde : les Analecta sacra spicilegio solesmensi parata, contenant le texte définitif de la Clef, ne parurent qu'en 1884 ; Émile Soldi (1846-1906), de son côté, en mission officielle du Ministère de l'Instruction publique en Orient , crut retrouver la langue universelle des symboles et publia en 1892 La langue sacrée ou le très savant Fernand de Mely (1852-1935) interpréter les gemmes, à la même époque, dans ce sens ; la thèse fut abandonnée au nom de l'histoire.

« L'influence des oeuvres composées sur ces bases demeura néanmoins très vivante comme on le constate avec les écrits de Félicie d'Ayzac (1801-1881) sur les tours de St Denis, de l'abbé Louis Corblet (1819-1886), fondateur de la revue L'art chrétien et auteur d'un Vocabulaire des symboles ou de l'abbé Charles Auber (1804-1892), historien du symbolisme. Une de leurs sources communes, La légende dorée de Jacques de Voragine (1230?-1298) fut traduite et rééditée en 1843 puis en 1902. » [18]

Revenons à Charbonneau-Lassay. Après l'abandon presque forcé de la vie consacrée, il considérait l'approfondissement et la divulgation de l'emblématique christique comme la mission apostolique de sa vie, et dut considérer décisive sa rencontre avec le cardinal Dubois décrite un peu avant.

Pour point de départ de son itinéraire de dévoilement et d'exploration de l'emblématique christique, Charbonneau-Lassay choisit un genre littéraire particulier, codifié déjà dans l'antiquité de la tradition chrétienne : le bestiaire. Muni de tels fondements doctrinaux longuement élaborés, l'auteur se sentit donc prêt à remplir efficacement sa tâche et à produire les résultats qui lui étaient demandés de plusieurs côtés.

La préparation de l'ouvrage de la définitive maturité intellectuelle subit assez de vicissitudes, puisqu'il aurait dû voir le jour déjà vers la moitié des année 1930, alors qu'il ne le vit que fin 1940 -- et parmi quelle « déflagration » !

Dans un article curieux et quasi autobiographique paru au printemps 1931 dans la revue Atlantis -- article non repris dans les recueils posthumes qui manifestent des lacunes dues, croyons-nous, à l'extrême difficulté de répérer l'intégralité des écrits du Loudunais --, Louis Charbonneau-Lassay exposa le plan d'édition qu'il entendait entreprendre :

« Quelle importance je pense donner, dans mon travail, aux animaux qui sont entrés, au cours des siècles, dans la couronne emblématique du Sauveur ?... Le tiers environ de l'ensemble, c'est-à-dire un fort premier volume sur trois, qui sont en projet, avec la reproduction de sept ou huit cents documents iconographiques. [...] Ce premier volume, le Bestiaire du Christ, portera sur trente-trois quadrupèdes, vingt-neuf oiseaux, douze animaux aquatiques, cinq reptiles et onze insectes, plus, sur seize animaux sataniques, antithèses des autres ; soit quatre-vingt-cinq chapitres environ. [...] J'espère mettre ce volume sous presse vers la fin de la présente année. Le reste de l'ouvrage comprendra, si Dieu me prête vie, d'abord le rôle emblématique et christique des Végétaux, des Animaux, des phénomènes du Ciel et de l'Atmosphère, et les emblèmes d'ordre géométrique : ce sera le IIe volume ; il comportera cinquante-deux chapitres au moins. Le IIIe volume, en soixante chapitres, traitera des objets emblématiques, des signes graphiques, des symboles d'ordre liturgique, de l'iconographie des personnages mythologiques, paoeens ou bibliques qui ont été regardés comme des figures du Christ, enfin du symbole suprême de son Coeur ouvert et rayonnant. C'est donc un ensemble de plus de trois cents chapitres à écrire et de quinze-cents à deux mille gravures à tailler dans le bois. Je puis assurer que si, au début de mes recherches, j'avais pu prévoir le développement que comporte, qu'impose impérativement un tel sujet, je n'aurais jamais pensé de l'entreprendre. » [19]

Ses archives commencèrent bientôt à se remplir de cahiers de notes et illustrations, qui deviendront ensuite les chapitres du livre, dont quelques-uns -- comme mentionné plus haut -- publiés préalablement dans les revues Regnabit et surtout Le Rayonnement Intellectuel. Dans celle-ci, numéro de novembre-décembre 1936, un article du Père Anizan annonce la parution du Bestiaire, sous forme d'une souscription au prix de 300 francs de l'époque. En même temps, il annonçait la préparation d'un floraire et lapidaire du Christ, ainsi qu'un troisième titre : Le trésor complémentaire du Christ, consacré aux emblèmes géométriques et graphiques, aux objets emblématiques et aux emblèmes liturgiques.

En 1934 Louis Charbonneau-Lassay complète la première partie de l'ouvrage et la met à disposition de la maison d'édition catholique par excellence de l'époque, Desclée de Brouwer. Le travail de l'édition sera ex trêmement compliqué ; l'ouvrage étant de dimension considérable (mille pages illustrées par 1157 gravures sur bois de l'auteur), Desclée décida de procéder à l'impression seulement après avoir atteint un nombre suffisant de souscriptions. Nous apprenons en outre par la correspondance de René Guénon à Luc Benoist que Charbonneau-Lassay s'« inquiète parce que Desclée veut faire une édition presque de luxe et d'un prix excessif (300 F.). »

Le Bestiaire du Christ vit finalement le jour vers la fin de l'année 1940. Voici ses réactions sur son propre « Journal intime » (inédit) :

« 9 janvier 1941. Jeudi. Je vais à la gare prendre possession de la caisse envoyée par les éditeurs Desclée de Brouwer et qui contient les 20 exemplaires du Bestiaire du Christ qui me sont attribuées. Enfin! Cette maison a reçu mon manuscrit le 20 mai 1934. Le travail ne comprend qu'un volume au lieu de deux, ce qui fait qu'il est énorme ; le tirage est magnifique ; je n'aurais pas cru que mes pauvres bois gravés auraient pu rendre si bien. Je suis heureux parce qu'il restera ainsi quelque chose qui travaillera pour moi quand je ne serai plus de ce monde. »

Parmi les felicitations reçu, voici le texte d'une lettre du cardinal Maglione, secrétair d'État de Pie XII, fait parvenir a Paul de Brouwer, directeur général de la maison Desclée de Brouwer :

« Le Saint Père a bien reçu, accompagné de votre lettre filiale, l'exemplaire N° I de l'important ouvrage que M. Louis Charbonneau a consacré à la Mystérieuse Emblématique du Christ sous le titre "LE BESTIAIRE DU CHRIST", et dont votre maison a assumé l'édition.

« Sa Sainteté a été très sensible aux sentiments qui vous ont inspiré de lui faire hommage de ce volume, sentiments dont votre lettre Lui apporte le précieux témoignage. Elle n'apprecié pas moins l'ouvre lui-même, qui par son contenu et par sa présentation fait honneur à la fois à l'érudition de son auteur et à l'art de ses éditeurs. [...] » [20]

Quelque temps après le début de la diffusion de l'oeuvre monumentale -- qui commençait à recueillir un considérable succès --, durant l'occupation allemande de la Belgique, en novembre 1943, l'incendie de la maison provoque la destruction par le feu de la moitié du tirage entreposée à Bruges en attendant qu'elle puisse passer en France.

Un sort encore plus occulte est réservé aux autres parties de l'oeuvre, consacrées à l'iconographie christique. Quoique, selon Pierre Delaroche (décédé 1997), le premier des autres volumes -- le Vulnéraire -- eût été livré à l'imprimerie, on n'en trouve de trace, comme des autres, que dans les articles sur les thèmes respectifs publiés par l'iconographe dans les pages du Rayonnement Intellectuel.

Sur la base de la documentation en notre possession, nous pouvons affirmer que des notes et des cahiers se référant à ces ouvrages furent transmis à Georges Tamos (alias Georges-Auguste Thomas, 1884-1966) -- lequel aurait entre autres retiré des archives de Charbonneau-Lassay un article inachevé sur le Graal destiné aux Cahiers du Sud -- ou à un moine bénédictin de l'Abbaye Saint-Martin de Ligugé, dom Charvin, qui aurait dû les compléter et procéder à leur publication.

Quoi qu'il en soit, nôtres recherches ont éclairci le sort de l'important Vulnéraire : en l'état actuel des choses, nous pouvons dire qu'un « aventurier » a soustrait aux possesseurs légitimes le manuscrit complet de cet ouvrage désormais fameux, et pour le moment on en a perdu la trace. On peut signaler ainsi la perte d'un autre manuscrit achevé, intitulé Les merveilleuses légendes d'amour du Poitou, dont on a conservé le brouillon seulement.

En 1974 Laszlo Toth, directeur des éditions Archè, parviendra à récupérer un exemplaire du Bestiaire du Christ grâce à la courtoisie de la Kunsthistorisches Institut de Florence et en fera une réimpression anastatique en tirage limité. La réédition du Bestiaire du Christ en 1974 suscita beaucoup d'intérêt dans les milieux intellectuels : aux souhaits de plusieurs savants a répondu une édition italienne du Bestiaire (ainsi qu'une édition en langue anglaise inexplicablement amputée d'importantes parties) chez la maison Arkeios de Rome, qui a constituée le début de la parution en Italie de l'opera omnia de Louis Charbonneau-Lassay, dont nous sommes les responsables, et qui a vu déjà paraître deux autres ouvrages, Il Giardino del Cristo ferito et Le Pietre Misteriose del Cristo.

Le climat d'intérêt qui entoure enfin -- cinquante ans après sa mort -- l'oeuvre de Louis Charbonneau-Lassay a abouti, en 1995, à la réalisation d'une session spéciale dans un colloque universitaire international, où ont été approfondis quelques aspects de l'interprétation doctrinale et historique de l'auteur [21]. On peut donc être optimiste quant à l'avenir de la notoriété d'un personnage extraordinaire de la culture internationale de ce siècle -- parfois à tort méconnu --, pour laquelle cette commémoration dans la merveilleuse ville de Loudun est l'hommage le plus digne.

 

NOTES :

 

[1] Cf. Stefano Salzani - PierLuigi Zoccatelli, Hermétisme et emblématique du Christ dans la vie et l'oeuvre de Louis Charbonneau-Lassay (1871-1946), Archè Edidit, Paris-Milan, 1996. Retour

[2] Cf. Louis Charbonneau-Lassay, Le Bestiaire du Christ. La mystérieuse emblématique de Jésus-Christ, Desclée, Bruges, 1940 (réimpr. anast., Archè, Milan, 1974). Retour

[3] Cf. Louis Réau, Iconographie de l'art chrétienne, Paris, 1956-1959, p. 61. Retour

[4] Cf. Karl Rahner, « Zur Theologie des Symbols », dans Schriften zur Theologie, t. IV, Benzinger, Einsiedeln, 1960, p. 275-311. Retour

[5] Félix Anizan, « Un an après », Regnabit, I, n. 12 (mai 1922), p. 530. Retour

[6] Société du Rayonnement Intellectuel, « Aux écrivains et aux artistes », Regnabit, V, n. 8 (janvier 1926), p. 102-104. Retour

[7] Marie-France James, Ésotérisme et christianisme autour de René Guénon, Nouvelles É ditions Latines, Paris, p. 247. Retour

[8] Michel Vâlsan, Introduction à René Guénon, Symboles fondamentaux de la Science sacrée, Gallimard, Paris, 1962, p. 12. Retour

[9] Un témoignage en est fourni par l'extrait suivant d'une lettre inédite de Félix Anizan à Louis Charbonneau-Lassay, en date du 22 septembre 1928 : « J'aurais quand même été content que vous voyiez M. Guénon. Il ne faudrait pas qu'il s'aigrisse. » Retour

[10] R. Guénon, op. cit., p. 433. Retour

[11] Controverses, dossier inédit conservé dans les Archives générales des oblats de Marie Immaculée, à Rome. Retour

[12] Sur la revue elle-même, Guénon formulera un jugement très clair : « Il n'y a en effet rien d'intéressant dans Regnabit en dehors de mes articles et de ceux de Charbonneau » (lettre à Guido De Giorgio du 4 mars 1929). Retour

[13] Selon ce point de vue, le gnosticisme -- antique et moderne -- constitue une pseudo-gnose. Cf. Congregatio pro doctrina fidei, « Epistula ad totius catholicae Ecclesiae episcopos de quibusdam rationibus christianae meditationis [Lettre aux évêques de l'Eglise catholique sur quelques aspects de la méditation chrétienne] », L'Osservatore Romano, 15 décembre 1989. Retour

[14] Voir saint Augustin, Retractationes, I, XIII, 3 ; saint Justin, Apologie, II, X. Cf. aussi la récente tentative de synthèse de Jean Daniélou, Les Saints « païens » de l'Ancien Testament, Éditions du Seuil, Paris, 1956 ; Matthias Vereno, Vom Mythos zum Christos : versuch einer Analyse der Wirklichkeit in der Geschichte, Otto Müller, Salzbourg, 1958 ; Christoph Schönborn, Il Mistero dell'incarnazione (trad. ital.), Piemme, Casale Monferrato, 1989, p. 15-21 ; et Hugo Rahner, Mythes grecs et mystères chrétiens (trad. fr.), Paris, 1954. Retour

[15] L. Charbonneau-Lassay, « L'Iconographie ancienne du Coeur de Jésus. À propos de deux livres récents », Regnabit, V, n. 6 (novembre 1925), p. 390. Retour

[16] Marcel Clavelle, lettre inédite du 4 décembre 1976. Retour

[17] Luc Benoist, dans Nos livres et nos Auteurs, organe de la maison Desclée de Brouwer, n. 1 (1938), pp. 9-12. Retour

[18] Jean-Pierre Laurant, L'Ésotérisme chrétien en France au XIXe siècle, L'Age d'Homme, Lausanne 1992, pp. 39-40. Retour

[19] L. Charbonneau-Lassay, «L'iconographie emblématique chrétienne », Atlantis, IV, n. 35 (21 avril-21 mai 1931), pp. 112-115. Retour

[20] Lettre du 13 juin 1941 (n. 37523), inédite. Retour

[21] Cf. « Varieties of prayer », congrès international organisé par l'université La Sapienza de Rome et le CESNUR (Turin), en collaboration avec l'ISAR (Santa Barbara, California) et l'ARIES (Paris) ; session 4 (Rome, 10 mai 1995) : « L'expérience de Louis Charbonneau-Lassay », avec des contributions de PierLuigi Zoccatelli, Jean-Pierre Laurant, Laszlo Toth et Stefano Salzani. Retour




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